Des travaux de sauvegarde récompensés
Restitution de la construction
A partir du rapport de fouille et de diverses observations, voici une tentative de restitution graphique de l’aspect extérieur et intérieur du château, ou plus exactement, de la maison forte de Canac
Le chemin qui donnait accès à la maison-forte devait serpenter à flanc de colline depuis le village de Canac ; il se termine par une terrasse qui s’élargit légèrement au niveau de la porte. L’appareillage des pierres qui donnent le mur de soutènement de cette terrasse est bien médiocre en regard des murs du château, et l’ensemble est réalisé en applique contre la façade, c’est-à-dire dans une phase ultérieure à la construction du bâtiment.
La façade s’élevait probablement sur 16 m depuis le seuil de la porte jusqu’à l’égout de la toiture, et la tour d’angle est estimée 1 étage plus haute (ill.2).
La porte était surmontée des armes du seigneur, comme l’indiquent les traces d’arrachement visibles aujourd’hui. A gauche de cette porte, une ouverture de forme horizontale dont les pierres d’encadrement ont été spoliées (comme pour la totalité des ouvertures en façade), semble destinée à défendre l’accès. Des arquebusières trouveraient là un emplacement logique.
Au-dessus, la façade sud-est semble avoir été percée sur trois niveaux, de neuf fenêtres de taille décroissant avec la hauteur. Cet ordonnancement à première vue symétrique souffre toutefois de quelques écarts.
1. Les Armes de Jean de GÉNIBROUSE, seigneur de Canac, Nages et Tiberet (1669).
Malgré l’arrachement des encadrements, quelques fragments trouvés sur le site renseignent sur la conception -très classique- de ces fenêtres : il s’agissait de fenêtres à croisée majoritairement en grès rose, pierre trouvée en abondance dans la proche région dite « Rougier de Camarès ». Cette pierre se retrouve en réemploi dans les maisons du village de Canac . Si l’on excepte ce type de pierre, tous les murs comme les lauzes du toit sont en schiste, matériau extrait sur le terrain lui-même comme en témoigne le front de taille présent à 3 m de la façade nord-ouest.
2. Elévation en perspective de la maison forte de Canac (façades sud-est et nord-est)
La partie droite du dessin représente la façade nord-est flanquée d’une tour d’angle tournée vers la vallée du Dourdou et l’ancienne province de Guyenne. Cette façade semble bien moins richement dotée en ouvertures que la façade sud-est : Les vestiges n’indiquent qu’une seule grande fenêtre, probablement aussi à croisée, compte tenu de sa taille. Les niveaux inférieurs comportent quelques petites ouvertures dont le barreaudage semblerait la protection la plus simple.
La tour devait surplomber le corps de logis d’un niveau. L’escalier intérieur remplissait tout l’espace disponible. Dans l’épaisseur du mur, une latrine est encore présente.
Par analogie avec les châteaux et maisons fortes des environs, la toiture était probablement à quatre pentes, tant pour la tour que pour le corps de logis. La couverture était en lauzes (et non en ardoises) et le débord de toiture pouvait s’appuyer sur des corbeaux de pierre tels ceux retrouvés en réemploi dans le village de Canac .
L'intérieur
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3. Plan de base de la maison forte
Depuis la porte d’entrée (1), et avant de gravir la première volée de l’escalier, une porte donnait accès à une salle voutée partiellement enterrée et creusée dans le rocher (corps de logis 3) dont le seul éclairage provenait d’un soupirail en hauteur. Des coups de sabre tendent à indiquer que c’est ce corps de logis qui a été construit en premier. L’accès au niveau supérieur était possible grâce à une ouverture dans la voûte par laquelle passait une échelle ou un escalier de bois.
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4. Salle voutée avec l'entrée primitive de la maison forte. La flêche indique le passage (refermé) de l'échelle vers le niveau supérieur.
Le niveau du sol de cette pièce est plus bas que le reste, ce qui se répercute sur les niveaux supérieurs. Quand le reste du bâtiment a été construit à 1,5 ou 2m plus en hauteur, le rôle de l’escalier a été de rétablir l’uniformisation des niveaux. Par une savante inclinaison des différentes volées de marches, la différence entre les seconds niveaux s’amenuise pour disparaitre complètement aux troisièmes et quatrièmes niveaux.
L'escalier à volées inversées
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Les paliers en haut de chacune des volées desservent de plain-pied des pièces qui ne sont pas à la même altitude. Les quatre premières volées reposent sur une voute en pierre, la cinquième qui relie les niveaux 3 et 4 serait en bois.
5. Restitution intérieure de la maison forte selon un plan de coupe sud-ouest

Cet escalier était éclairé par des grandes fenêtres, qui pouvaient être occultées par des volets intérieurs.
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La fermeture des volets de la première fenêtre était renforcée par plusieurs verrous, de la même façon que la porte d’entrée qui se trouvait immédiatement en dessous.
7. Empreinte des verrous de fenêtre d'escalier

L'aménagement intérieur


8. Vue du village de Canac depuis le château
9. Exemple d’intérieur de la fin du XVIe siècle, avec boiseries murales.
Toutefois c’est l’examen des murs sud-ouest et nord-ouest qui donnent le plus d’informations sur l’aménagement intérieur de la maison-forte. Une restitution intérieure selon un plan de coupe nord-ouest en faisant angle avec la restitution présentée plus haut (plan de coupe sud-ouest) explique pleinement cette organisation :
Le premier niveau en rez-de-chaussée, éclairé par des soupiraux, s’apparente à un espace de stockage. Un arc sépare les espaces 4 et 5, dont le sol n’est pas au même niveau. La seule fonction que l’on puisse attribuer à cet arc est de supporter une cloison aux étages supérieurs.
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10. Restitution intérieure selon un plan de coupe nord-est
En considérant l’ensemble de ces éléments, cette pièce rappelle les cuisines que l’on trouve dans les châteaux environnants. Les niches, nombreuses comme dans la cuisine du château d’Escroux, permettent le rangement de la vaisselle et des ustensiles. La cheminée est spacieuse pour y rôtir les grandes pièces de viande (ill.12) et parfois un four à pain est aménagé dans l’épaisseur latérale (ill.13).
Quant à l’ouverture tout à côté de la cheminée, la restitution proposée (ill.5) montre une fenêtre ouvragée, étant donné que les blocs de grès rose sont utilisés en raison de leur facilité de taille. Mais dans l’hypothèse où cette pièce est une cuisine, il serait plus logique d’imaginer par exemple un évier en dessous d’une petite fenêtre, cet évier se vidant à travers le mur, vers l’extérieur…
Le quatrième niveau est le dernier étage dont on peut attester avec certitude la présence. Accessible par un escalier en bois d’une seule volée (ill.5), et doté de fenêtres rares et petites (ill.10), il ne semble pas correspondre aux attentes d’une famille noble, mais plutôt au logement des domestiques ou même à un grenier.
Cette description serait complète si l’on pouvait situer d’autres éléments indispensables aux XVIe - XVIIe siècles, pour la vie dans une maison-forte retranchée au sommet d’une colline : écuries, citerne, …
Mais le château de Canac n’a pas livré tous ses secrets...
Illustrations

11. Vue intérieure des murs sud-ouest et nord-ouest (avant consolidation), montrant l'emplacement de la cheminée et les niches d'une cuisine probable
12. Four à pain dans la cheminée de la cuisine du château d'Escroux (Tarn)
13. Cheminée de la cuisine du château de Latour-sur-Sorgues (Aveyron)

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14 : Bloc de grès rose découvert sur le site (base de pieddroit d'une cheminée)
15 : Cheminée du XVIème siècle, du château d'Escroux (Tarn)
Sauvegarde du patrimoine de Canac

Chez Mr Metgé Canac
81320 Murat-sur-Vèbre
Une Lettre d'Information annuelle a présenté les travaux de sauvegarde et les études historiques et archéologiques.
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La Lettre d'Information 2008
La lettre d'Information juillet 2008
La Lettre d'Information 2007
Etude archéologique
Une opération de fouille programmée du site des vestiges, sous la direction du Service Régional de l’Archéologie (DRAC Midi-Pyrénées), a été réalisée par Magali Cabarrou en collaboration avec Magali Baudoin.
Le rapport définitif présente l’ensemble des relevés effectués et propose l’organisation la plus probable de l’édifice. L’hypothèse d’une construction dans une seule séquence historique dans la deuxième moitié du XVIème sans aménagements significatifs ultérieurs est confirmée. Le rapport souligne l’importance des informations recueillies sur une rare construction de la Renaissance dans le Tarn.
Le document est consultable à la bibliothèque municipale de Murat-sur-Vèbre : Rapport de fouille programmée n° 103/2010-2012 : La maison forte de Canac, 2013.